A l’aube de l’humanité le géant Atlas tira par les cheveux la Déesse “Cevennes” (Cebenna). C’est ainsi que naquit la vallée du Jaur.

Mais il en est d’autres qui auraient pu tomber aux oubliettes si des gens avec un regard neuf ne leur avaient porté remède... Il a fallu souvent des personnes venant de l’extérieur pour les voir et s'en occuper.
La vallée du Jaur s’étire sur une vingtaine de kilomètres entre Saint-Pons-de-Thomières et Mons-la-Trivalle, où le Jaur rejoint l’Orb et l’Héric qui creuse une véritable saillie dans les gorges du même nom.

Deux belles endormies veillent sur la vallée: la Vierge Marie du haut de son plateau de Trédos rive droite, et la Déesse Cevenne (la femme couchée), de celui du Caroux rive gauche. En bas dans la vallée, les fées côtoient les hommes (roc de la Roque à Riols). Et, comme s’il fallait un pendant, un équilibre à tout cela, des chapelles parsèment le paysage, perdues dans la campagne ou au bord des routes pour accompagner le pèlerin.
Dans cet espace on se trouve - comme en maints endroits d’Occitanie ou d’ailleurs - entre légendes, religions anciennes, religion en déshérance et faits réels. Les siècles ont enchainé la foi, les peurs et les espoirs d’une population tournée vers le mystérieux mais aussi le mystique, le divin, croyances d’une populaton d’agriculteurs et de bergers. Il faut dire qu’ici, entre océan et Méditerranée, sur cette ligne de partage des eaux, tout vacille un peu.
Toujours entre deux, dans une nature et un climat improbable, pays rude d’ hommes rudes qui ont forgé une culture populaire autour de leur foi.
C’est ici que se trouve un nombre important de ces petites chapelles perdues dans la campagne. Majoritairement bâties entre les XVIIème et XIXème siècles, certaines même au début du second millénaire.
Il ne s’agit pas là de monument architecturaux de premier ordre mais elles participent à une culture populaire très embrigadée dans sa foi catholique. Il faut rapporter cela à la situation géographique de la vallée qui a toujours été un lieu de passage d’Ouest en Est. Depuis la nuit des temps, le Saint-Ponais est rattaché aux Comtes de Toulouse et l’on sait la grande part qu'a joué dans l’histoire l’abbaye de Saint-Pons, allant jusqu’à donner un Pape...
La vallée était sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle : venant de Montpellier et Saint-Guilhem-le-Désert, les pèlerins passaient par le prieuré de Saint-Julien allant vers Saint-Pons-de-Thomières puis, à l’ouest, l’abbaye d’Encalcat pour se rendre à Toulouse et rejoindre les autres chemins vers l’Espagne et Compostelle.
Cela dura des siècles. Vinrent la réforme et les guerres de religion puis le pays s’endormit, coincé entre des aires dévouées à la nouvelle religion - à l’ouest, Mazamet, Castres, à l’est Bédarieux - et versées en partie dans le protestantisme. Dans la vallée du Jaur, pas un temple. La réforme ne s’y est jamais implantée. Il faut dire que les gens n’étaient pas trop ouverts à ces idées. La vierge de Trédos veillait sur la vallée et continuait à imposer sa foi sur les habitants. Des pélerinages se déroulaient deux à trois fois par an, rassemblant des milliers de fidèles là-haut, sur le plateau surplombant la vallée.
Le XVIIème siècle passa, puis vinrent les XVIIIème et XIXème dans un contexte de pauvreté, mais pas de misère. Le pain des pauvres, la châtaigne, faisait le bonheur des hommes et des cochons qu’il nourissait dans ce monde en autarcie. Au XIXème siècle, l’exode rural coïncida avec un renouveau de la pratique de la foi.
C’est à cette période que l'on construisit la majorité des chapelles. Si l’on en trouve sur le secteur de la vallée du Jaur, il y en a trois dans la seule commune de Saint-Vincent: Notre Dame de Bon Secours, Saint-Martin des Oeufs et Notre Dame de Montligeon.
Sans originalité architecturale, ce sont des édifices simples excepté quelques unes plus anciennes comme Notre-Dame du Jaur à Saint-Pons-de-Thomières (1637) ou Notre-Dame de la Voulte à Mons-la-Trivalle. Elles sont blanchies à la chaux ou décorées par des fresques naïves et des représentations allégoriques.
L’histoire et Les Légendes
Notre-Dame de Trédos

Le nom apparait en 940 sous le titre "Beatae Mariae de Thésauris", lieu ou se déroula au Xème siècle un concile : concilium Auzedinense. Aujourd’hui, au pied de la chapelle, se trouve un champ que les anciens appellent le "champ des Evêques”.
Deux légendes se disputent la statue vénérée :
La première nous dit qu'entre Olargues et le « Mas de la Gleisa » (Saint-Etienne d’Albagnan), se situe un rocher appelé le roc de la vierge qui servait autrefois de piédestal à une statue de la vierge Marie. Un jour les habitants du hameau de « la Fumade » la virent s’élever dans les airs, passer au dessus de leurs têtes et se diriger vers Tredos où ils la trouvèrent.
La seconde, qu’une jeune fille venue d’un hameau voisin de Tredos gardait les chèvres en ce lieu. Des jours durant, une des chèvres gratta avec son sabot toujours le même endroit. Cela l’intrigua et en cherchant, elle y découvrit la statue.
Notre-Dame du Jaur :

Elle se trouve en amont de la source du Jaur à Saint-Pons-de-Thomières.
La chapelle primitive se trouvait un peu plus bas au sommet de l’escarpement d’ou sort le Jaur. La légende dit que par un soir d’orage une nuit sombre, un cavalier qui galopait se perdit et allait tout droit vers le précipice. Dans un éclair lui apparut la vierge, le cheval se cabra ce qui lui permit de voir le précipice et d’échapper à une mort certaine. Il fit la promesse de bâtir une chapelle en ce lieu pour remercier la vierge.

Elle se trouve à l’écart du hameau de Saint-Vincent. Ici nous nous sommes entre histoire et légende.
L'histoire dit que l’ancêtre d’un habitant de la commune aurait taillé la statue. Cet homme, un berger, la sculpta à l’aide de son seul couteau dans un bois particulièrement dur: une souche de buis..
La légende, qu’à la révolution, pour protéger les biens de l’église, une femme d’un hameau voisin (Violgues) la prit chez elle. C’est là qu’un jour une voix semblant venir de la statue s’adressa à elle et lui prédit l’heure de sa mort... Elle ne dit pas si la voix eut raison. Aujourd’hui on peut voir la statue couverte de gèis à l’intérieur de la chapelle.
Saint-Martin des Oeufs :

Elle se situe près du Mas du Gua (Le hameau du Gué) traversé par la “cesse”, "cessa” en Occitan et sur le col du même le nom et on dit qu’elle configure un alignement avec le prieuré de Saint-Julien et avec Notre-Dame de Capimont à Hérépian. Pour y aller il faut prendre un chemin de terre après le pont du Mas du Gua et monter à pied. Une ancienne “drailha” permet de rejoindre le col également. C’est le chemin emprunté autrefois les lundis de Pâques. Après la célébration les gens se rassemblaient pour partager l’omelette Pascale. C’est ainsi que la tradition perdure et que bon an mal an du monde s'y retrouve ce jour-là.
L’histoire de la chapelle est particulière car elle est véritable et vaut toutes les légendes. On ne connait pas avec précision la date de sa construction mais ce qui est sûr c’est que vers la moitié du XIXème siècle, des moines, venus d’Espagne fuyant on ne sait trop quoi, vinrent s’installer dans la châtaigneraie en contrebas. On peut voir encore les bâtis et un chemin de croix fait de cavités dans les murs qui soutiennent les terrasses de la châtaigneraie.
On dit que le “supérieur” de ces moines guérissait les malades. Il venait du monde tant et plus pour se faire soigner. Jusqu’au jour où les médecins de la vallée en eurent assez et déposèrent une plainte à l’ordre des médecins pour exercice illégal de la médecine...
Les gendarmes montèrent donc pour faire cesser les agissements de cet empêcheur de tourner en rond. Mais les gens du Mas du Gua, prévenus, se rendirent vite à l’Hermitage et élaborèrent un stratagème. Lorsque les gendarmes arrivèrent ils virent les habitants rassemblés dans la chapelle priant devant un linceul : le père était mort et c’était la messe de funérailles. Ils rebroussèrent alors chemin. Une tombe fut creusée que l’on peut voir encore mais dans laquelle il n'y a personne. "L'omerta” tomba sur le village et jusqu’à aujourd’hui la vérité est restée cachée.
Certains disent que les habitants firent un corps de cire pour tromper les gendarmes. Les moines avaient fui. Ou? Nul ne le sait...
Aujourd’hui, alors que la nature reprend ses droits, des gens venus de partout se rassemblent pour manger avec les habitants l’omelette pascale. Allemands, anglais, hollandais viennent et sont heureux de partager notre culture et nos traditions.
T.Heron<
Le Prieuré de St-Julien
L'église de Saint-Julien est mentionnée dès 899. Par la suite, cette église dépendra, avec le titre de Prieuré, de la mense monastique de Cassan.
Le monastère est fondé en 1080. Saint-Julien est alors une cure régulière, dont dépendent les églises d'Olargues, de Berlou et de la Voulte.
Au XIIe siècle, le Pape Jean XXII met le chapitre de la cathédrale de Saint-Pons-de-Thomières en possession de divers lieux parmi lesquels Saint-Julien d'Olargues et ses dépendances.
Durant les troubles de XVIe siècle, l'édifice est remanié, une pierre encastrée dans la facade du clocher date la construction de la Tour (1585).
Au XVIIIe siècle, on restaure la Sacristie.

Le Prieuré est inscrit aux Monuments Historiques depuis le 12 février 1951.
L'ensemble du Prieuré, de par ses pierres contrastées (poudding, roches volcaniques, gneiss et schistes) donne un effet de polychromie.
Quelques détails architecturaux sont à noter :Le magnifique tympan en damier, l'absyde décorée sur tout son pourtour d'arcatures lombardes géminées.
Le clocher est une tour carrée de 6.75m de côté. Ses murs ne sont pas appareillés. Une pierre porte en creux quelques restes d'un blason effacé.

A l'intérieur, l'une des arcatures repose sur un "corbeau" sculpté d'une tête de femme portant la main à sa bouche. Serait-ce Eve mangeant une pomme ? Ou simplement une invitation a respecter le silence de ce lieu saint ?
Le prieuré de St-Julien accueille plusieurs festivals de musique.
A voir aux alentours :
Il y a mille ans, les Seigneurs d'Olargues auraient bâti une véritable forteresse sur l'éperon rocheux au-dessus du hameau des Horts, commune de Saint-Julien au lieu dit le Castellas. Dominant toute la vallée et offrant les garanties d'un système défensif efficace et très élaboré, la vie devait y être fort rude.
Toutefois un habitat s'est développé autour de ce castrum. Aujourd'hui, un chemin d'accès permet de vous rendre sur ce site, afin de visiter les vestiges d'une époque lointaine.
Pour visiter le Prieuré, contactez la mairie de Saint Julien 04 67 97 70 74.

La Croix de St Vincent
La croix de Saint-Vincent est classée aux monuments historiques depuis le 30 septembre 1911.
Il ne s’agit pas d’un calvaire, mais de ce que les historiens de l’art ont pris pour habitude de nommer une croix cimétériale. Elle se trouvait au centre de l’ancien cimetière, qui existait sous la place actuelle et a été déplacé au début du XXème siècle. Elle dominait l’ensemble du lieu.
Les croix sculptées comme celle-ci sont très rares. On en dénombre une dizaine sur l’ensemble du territoire national. Elle possédait une « sœur » sur la commune de Cébazan, laquelle a été volée, et le type de sculpture laisse à penser qu’il s’agit du même artiste. La plupart des croix de ce type était beaucoup plus simple, généralement en pierre de pays, de grandes dimensions avec de larges moulures.
Celle-ci est datée entre le XVème et le tout début du XVIème siècle. Elle semble vraisemblablement être l’œuvre des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dont l’église actuelle faisait partie de la Commanderie, car sa richesse d’ornementation tranche beaucoup avec la situation géographique et économique du village à cette époque.
Elle est travaillée sur ses quatre faces pour pouvoir être vue de tous les côtés.
Sur sa face antérieure, le Christ est en croix, au centre du tableau principal. À droite, Marie-Madeleine est à genoux, éplorée. L’artiste a même été jusqu’à sculpter une larme sur sa joue pour donner plus de réalisme à la scène. Derrière elle, se trouve la Vierge. Elle se tient debout, les mains jointes, avec l’attitude et le costume qu’on utilise généralement pour la représenter dans des scènes de mise au tombeau. Sur la gauche, l’apôtre Saint-Jean Baptiste se tient debout, les cheveux bouclés, relevant de la main gauche le pan droit de son manteau.
Sur la face postérieure, une statue de la Vierge portant une couronne ouvragée. Elle avait certainement les mains jointes, mais le temps et l’usure les ont faites disparaître. Elle est entourée par deux évêques.
Sur les faces latérales, on peut découvrir, à droite, un évêque tenant un livre ouvert et une banderole sans inscription. Il s’agit très certainement de Saint-Vincent, patron de l’Église ; de l’autre côté, un évêque accompagné d’un homme au torse nu et au bas du corps drapé, les mains chargées de fruits (des pommes et du raisin), symbolisant la principale production agricole de la région.
Au sommet, deux statuettes adossées de la même dimension, représentent Dieu le Père. Sa main droite est levée pour bénir et l’autre porte le globe du monde.
Restaurée au printemps 2014, grâce au partenariat de la Délégation Régionale à l'Action Culturelle Languedoc Roussillon, le Conseil Régional Languedoc-Roussillon, le Conseil Général de l'Hérault, le réseau des sites et musées de l'Hérault, la commune de St-Vincent d'largues et avec l'appui technique du Pays Haut Languedoc et Vignoble et de la Communauté des Communes Orb-Jaur, elle est mise en valeur à l’intérieur de l’église afin de la protéger pour les générations futures.
Visite sur demande à la mairie, située juste à côté de l’église. Tél 33 (0)4 67 97 70 03 ou Mme Fontés 04 67 97 78 91.
La Chapelle de Centeilles
Isolée au pied du Pic Saint-Martin, la chapelle de Centeilles, entourée de cyprès et de chênes verts renferme de belles fresques.
Construite au milieu des vignes, des chênes et des pins, la chapelle Notre Dame de Centeilles est située sur les coteaux, à environ 3 kms au Nord de Siran. Son chemin étroit, bordé de murs de pierres sèches et de « capitelles », se termine par deux chapiteaux.
La chapelle est bâtie de murs de pierres blanches et grises et d’un toit de lauzes surmonté d’un clocheton. L’entrée est encadrée par un porche. Des peintures aux thèmes religieux ornent les murs intérieurs, tel que l’arbre de Jessé en face de l’entrée.
Les fenêtres sont garnies de vitraux, les fresques sont remarquablement restaurées. La cloche sonne, des cérémonies religieuses et des fêtes y sont célébrées.
Ouverture 2020 : à partir d'avril jusqu'à fin octobre, les dimanches de 15 h à 17 h.
Entree libre.
La Chapelle de St Germain
La chapelle Saint-Germain de la Serre fut construite aux XIe et XIIe siècles.
La différence d'appareil révèle deux campagnes de construction.
C'est l'ancienne église paroissiale d'un village aujourd'hui disparu.
Elle fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 17 avril 1947.
La façade méridionale présente un portail aux claveaux polychromes (blanc, beige, brun, ocre et noir) abrité sous un arc de décharge supporté par deux puissants contreforts.
Un troisième contrefort, plus faible que les précédents, rythme cette façade : il est encadré de deux fenêtres, l'une très semblable à celle du chevet (étroite et surmontée d'un arc monolithe et d'un cordon de basalte) et l'autre, plus large et surmontée d'un arc fait de trois rangées de pierre.
La chapelle se dresse à deux kilomètres à vol d'oiseau à l'ouest du village, isolée dans un bois de pins.
On y accède, au départ du village de Cesseras, en suivant la route de Siran pendant deux kilomètres puis en tournant à droite sur une petite route que l'on suit pendant un kilomètre.
La Cathédrale de Saint Pons de Thomières
Saint-Pons fut d'abord une puissante abbaye fondée en 936 par le comte de Toulouse. Puis le site fut promu Cathédrale et évêché au IVe siècle.
À la fin du XVe siècle, un chœur de style gothique est mis en chantier pour remplacer le chœur roman, mais les travaux ne seront jamais terminés à cause de la destruction du cloître et de la cathédrale par les huguenots en 1567.
La cathédrale de Saint Pons de Thomières est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1840. Il s’agit de l’édifice majeur de la commune, d’une grande valeur architecturale et témoin de notre histoire. En faisant un don, vous participerez à ce projet de restauration et pourrez bénéficier en retour d’une défiscalitation !
L’abbaye de Saint Pons fut fondée en 936 sur la rive gauche du Jaur, par le compte Raymond III de Toulouse et sa femme Garsinde en l’honneur du martyr Pons de Gimiez. En 939, l’abbaye est placée sous la protection du Roi de France Louis IV et de ce fait les donations se sont multipliées et ont permis son enrichissement.
L’arrivée de certains abbés de grande notoriété a permis à l’abbaye de s’enrichir encore plus grâce notamment aux monastères Catalans et ceux situés en Aragon.
Un cloître sommaire apparaît à la fondation de l’abbaye dont les chapiteaux en marbre blanc ont été éparpillés après sa destruction.
Les moines bénédictins de l’Abbaye étaient au nombre de 50 en 1318 aux heures de gloire et ils diminuent en 1567 à 9 après l’intrusion des protestants. C’est en 1318 que l’église abbatiale est érigée à la dignité de Cathédrale par le Pape Jean XXII. A la fin du 15ème siècle, des travaux sont entrepris pour doter l’édifice d’un grand chœur gothique à déambulatoire et chapelles rayonnantes.
En 1567, les protestants démolissent le monastère et l’église. Au 17ème siècle, Monseigneur Percin de Mongaillard tente la reconstruction du grand chœur, avec échec. Au 18ème siècle, les travaux qui confèrent à l’édifice son aspect extérieur sont entrepris. L’orientation de l’église sera donc inversée.(fondation-patrimoine)